En Algérie, l’émigration est un phénomène ancien. Mais récemment, l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) s'est penchée sur ces Algériens qui ont quitté leur pays pour venir en France. Le résultat est plutôt surprenant: dans un article du 20 septembre, El Watan indique qu’un émigré sur deux est une femme.
Une autre étude de Myriam Hachimi Alaoui, maître de conférences en sociologie, s'est penchée sur le profil de ces émigrées. Parmi ces dernières, nombreuses sont celles qui ont fait des études supérieures de français et mènent une brillante carrière professionnelle. Dans leur pays, elles constituaient une partie de l’élite intellectuelle francophone. Souvent, elles se servent de leur «bagage universitaire» pour s’engager dans différentes causes, de la lutte pour l’abrogation du code la famille à la reconnaissance de la culture berbère.
La sociologue algérienne indique également qu’une grande partie des Algériennes exilées étaient impliquées dans des mouvements d’émancipation. Menacées par les islamistes, ces femmes ont décidé de fuir leur pays:
«Craignant pour leur vie ou celle de leurs proches, inquiètes pour l’avenir de leurs enfants ou ne supportant plus le statut d’infériorité et la pression auxquels elles étaient soumises, ces femmes ont pris le chemin de l’exil souvent dans la précipitation, principalement, à destination de la France et du Québec», explique-t-elle.
Pour l'Insee, l’insécurité durant les années 90 en Algérie («les années terroristes») et la mauvaise gouvernance du pays dans les années 2000 ont également provoqué une hausse du taux de féminisation de l’émigration. Ainsi, entre 1982 et 2000, il passe de 36% à 51%.
Alaoui explique que sur place, les premiers temps sont durs pour les femmes diplômées, obligées d’occuper des emplois «dévalorisants» pour leur niveau d'études. Finalement, grâce aux réseaux qu’elles se constituent, elles parviennent à trouver un emploi en lien avec leurs qualifications.
Enfin, la sociologue note que l’arrivée de ces familles algériennes dans des pays occidentalisés peut créer un «choc des cultures». En Algérie, ces immigrées se sont battues pour l’émancipation. En France et au Québec, elles n’ont plus à lutter pour obtenir des libertés fondamentales. Certains maris nostalgiques des sociétés où, comme en Algérie, le machisme prédomine, ne s’adaptent pas aux mœurs occidentales et nombre de couples ou de familles finissent par se déchirer.
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